Madame «Michelle»,
Je me joins au concert pour vous témoigner l'intérêt que j'ai pris à vous lire. Vous nous avez fait part en toute franchise du sentiment négatif que vous avez ressenti lors de votre visite et en solide partisan des Bleus, je regrette qu'il en ait été ainsi.
Ceci dit, on ne saura jamais si la décision de votre fils eut été différente si la visite vous avait donné meilleure satisfaction. Vous écrivez «Je leur souhaite un bon recrutement» [car] «Je trippe pas moi non plus de toujours voir des matchs à sens unique» (rafraîchissant de le voir écrit, car peu de partisans, ou en tout cas peu d'intervenants sur le blogue, ne semblent reconnaître que la compétition ajoute quelque chose à une rencontre sportive). Votre fils a pris une décision rationnelle et personne ne peut lui reprocher quoi que ce soit; nul doute qu'il n'a pas à regretter sa décision. Mais la somme de décisions parfaitement compréhensibles comme celle de votre fils nous amène dans la situation actuelle, celle ou une seule équipe domine outrageusement. Car le fond de la question, c'est que les équipes ne recrutent pas avec les mêmes armes. Le Rouge et Or présenteles caractéristiques d'une équipe professionnelle: installations hors-pair, public important et fidèle (pour ne pas dire maniaque!), couverture médiatique abondante. À ces caractéristiques s'ajoute la quasi-certitude de prétendre, voire remporter, les plus grands honneurs. Manifestation claire de cette réalité d'une équipe virtuellement professionnelle: le nombre de joueurs qui choisissent de jouer une 5e années à Laval - les Tanguy du club - alors que le passage chez les pros leur est ouvert (Plesius, Arnaud-Gascon, Desloges...). Aucune autre équipe au Québec ne peut espérer se retrouver dans une telle situation, parce que les circonstances qui le permettent à Québec - avant tout l'absence d'une vraie équipe de sport professionnelle - ne se retrouvent nulle part ailleurs.
Par conséquence, je ne vois aucun espoir que le déséquilibre du recrutement s'atténue: nous sommes devant une parfaite illustration du syndrome de la saucisse Hygrade. Le R & O continuera donc à dominer sans partage; cela me renvoie à l'époque où nos (vrais) amateurs allaient à l'abattoir contre les (faux) amateurs Soviétiques au hockey. Québec aurait une équipe dans la Ligue canadienne de football, et le R & Or pourrait redevenir ce qu'il devrait être, soit une vraie équipe de football scolaire.
Ce qui ne signifie pas que le problème de parité s'en trouverait réglé, car il est présent dans tout le football scolaire à tous les niveaux. Les Universités anglophones continueraient à traîner de la patte par rapport à Laval, Montréal et, probablement, Sherbrooke, parce que leur bassin de recrutement ne peut rivaliser avec celui des francophones. Mais le problème que pose le R & O est unique à notre ligue, et je ne vois pas de solution réaliste à court ou moyen terme. Dommage, parce que tout maniaque du football universitaire que je suis, une ligue au champion décidé d'avance, ça refroidit les ardeurs...
Allez les Bleus!
Verrouillé
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