Football:sans argent, point de salut

[deuxfans]

Publié le 19 novembre 2015

Mettons les choses au clair, sans l’arrivée de Stu Lang dans le décor en 2010 jamais les Gryphons de Guelph affronteraient, samedi, les Carabins de l’Université de Montréal en demi-finale du football universitaire.

Champions de la coupe Vanier en 1984, depuis les Gryphons étaient une équipe parmi tant d’autres.

Lang, un ex-joueur des Eskimos d’Edmonton, est devenu un homme d’affaires millionnaire. À la retraite, il a décidé de ressusciter le programme de football des Gryphons de Guelph. Il a investi 15 millions, aidant même au financement d’un nouveau stade et de nouvelles installations d’entraînement(à lire, l’excellent texte du confrère Michel Marois dans La Presse).

SANS MACIOCIA?

Même questionnement dans le cas des Carabins. Les Bleus seraient-ils devenus un joueur important sur la scène canadienne sans la présence de Danny Maciocia. Ce brillant coach de football a donné beaucoup de crédibilité à ce programme au point où les Bleus ont reçu d’importants appuis financiers.

LE ROUGE ET OR À SON DÉCLIN? AYOYE!

Quelqu’un a posé la question cette semaine, le Rouge et Or de l’Université Laval est-il à son déclin?

Allo! Soyons sérieux, Le Rouge et Or demeure une puissance du football universitaire canadien. Voyons ça d’un angle différent. Ils compétionneront de plus en plus face à des programmes qui ont adopté une  philosophie d’affaires. Regardez ce qui se passe du côté des Ravens de Carleton. Les dirigeants de cette équipe d’Ottawa se sont inspirés du plan d’affaires du Rouge et Or. D’ici peu faudra compter sur Carleton dans la course à la coupe Vanier.

AVIS À L’UQTR

J’espère que les dirigeants de l’UQTR étudient sérieusement ce projet du retour des Patriotes au football. En espérant que les hommes d’affaires impliqués dans le dossier ont les reins solides. Se cache-t-il un Stu Lang à Trois-Rivières?

[Jérôme]

Voici l'article de Michel Marois mentionné plus haut (La Presse + d'hier):

FOOTBALL UNIVERSITAIRE
Le responsable du succès des Gryphons
MICHEL MAROIS
LA PRESSE

Stu Lang ne fait pas les choses comme les autres !

L’ancien joueur étoile des Eskimos d’Edmonton – cinq conquêtes de la Coupe Grey en huit saisons dans les années 70 et 80 – est l’entraîneur-chef des Gryphons de Guelph, les prochains adversaires des Carabins de l’Université de Montréal, samedi, en demi-finale nationale du football universitaire. Mais il est aussi bien plus que cela.

Depuis 2010, il a investi plus de 15 millions dans le programme de football, finançant notamment la construction d’un nouveau stade et d’installations modernes pour « ses » Gryphons. Il a aussi donné une image très distinctive à l’équipe, avec des uniformes colorés et variés, inspirés de ceux des Ducks de l’Université de l’Oregon (NCAA). Et comme le Rouge et Or de Laval, les Gryphons vont en Floride en mars pour leur camp hivernal.

« J’ai passé des années dans le milieu des affaires et je sais combien il est important de se démarquer, a-t-il expliqué, hier matin en entrevue. Je suis aussi de ceux qui croient qu’un bon programme de football est important pour une université, comme aux États-Unis. »

Après sa retraite de la LCF, Lang a dirigé la société familiale, CCL Industries, une multinationale spécialisée dans les emballages. Encore membre du conseil d’administration, il s’est offert une « préretraite » pour assouvir sa passion du football.

En plus de financer largement le programme des Gryphons – le budget de l’équipe est maintenant comparable à ceux de Laval, Carleton ou Calgary –, Lang a fait des dons importants à ses alma mater. Il a ainsi offert 11 millions à l’Upper Canada College et 10 millions à l’Université Queens (les rivaux de ses Gryphons !) pour la construction d’installations sportives.

Celui qui a joué quatre saisons à Queens avant d’aller à Edmonton assure qu’il n’a aucune intention d’y retourner. « Leur stade était en très mauvais état et je me suis senti moralement obligé, en tant que diplômé de cette université, de faire quelque chose. Mais je suis à Guelph pour y rester », a-t-il insisté.

« Ma femme et moi sommes bien établis dans la communauté. Nous avons une ferme d’élevage de chevaux tout près de Guelph. Et je suis personnellement très attaché à l’Université, aux Gryphons et surtout aux joueurs. La formation de cette saison est sûrement l’une des meilleures de l’histoire de l’équipe. »

VOLER ET COPIER
Champions de la Coupe Vanier en 1984, les Gryphons n’étaient plus parmi les meilleures formations ontariennes, en 2009, quand Lang a accepté de s’occuper des receveurs de passes. Promu entraîneur-chef la saison suivante, il vient de mener l’équipe à quatre saisons consécutives de sept victoires et une défaite, la meilleure fiche de la conférence sur cette période.

Mais Lang et ses joueurs n’avaient pas encore gagné la Coupe Yates. « Après deux défaites en finale en 2012 et 2014, nous avons finalement réussi à l’emporter, a-t-il rappelé. Et nous ne pouvions le faire de façon plus excitante : à Western, face à une équipe invaincue, tirant de l’arrière à la demie, en nous battant pour prendre l’avantage et encore pour le garder jusqu’au bout quand ils étaient tout près de revenir…

« La défaite de 2014 [contre McMaster] avait été difficile à accepter, souligne Lang. Mais c’est ce jour-là, dans le vestiaire après le match, qu’est né l’esprit qui nous a permis de gagner contre Western et d’accueillir le match pour la Coupe Mitchell cette semaine. »

« Un peu comme les Carabins, notre saison n’a pas été parfaite, mais les gars n’ont jamais perdu cette confiance en eux, cet esprit bagarreur qui caractérisent les équipes championnes. »

Lang se plaît à dire qu’il croit en l’importance de la R-D (recherche et développement), mais dans son cas, les lettres signifient plutôt Rob (voler) et Duplicate (copier). « Il faut s’inspirer des meilleurs, reprendre leurs meilleures idées et les appliquer selon nos besoins », explique-t-il.

« L’Université de l’Oregon évolue dans un petit marché, loin des grands centres, mais l’équipe de football a quand même réussi à s’imposer parmi les meilleures. Depuis cinq ans, c’est ce que nous tentons de faire ici avec certaines de leurs recettes. »

L’Université de Guelph n’a évidemment pas des moyens comparables à ceux d’un grand établissement américain. Mais les millions et la passion de Stu Lang pourraient bien leur offrir cette saison un titre canadien !

Stu Lang en bref
Né le 26 janvier 1951 (64 ans)
Diplômé de l’Université Queens
53e choix au repêchage de la LCF en 1974 Huit saisons dans la LCF avec les Eskimos d’Edmonton Champion de la Coupe Grey en 1975, 1978, 1979, 1980 et 1981 Entraîneur-chef des Gryphons de Guelph depuis mars 2010 Copropriétaire (avec son frère Donald) de 94 % des actions de Classe A de CCL Industries, société d’emballage dont la valeur est estimée à plus de 2 milliards

[Sylven]

Un original ce Stu Lang, mais les Gryphons n'en seraient pas là sans lui. Quand même très généreux le bonhomme, rien ne l'oblige à donner des millions comme ça au football. On peut juste lui dire bravo et merci !